GIMS : la triste fin d'une institution
C'était prévisible, c'est désormais un fait : le Salon de l'automobile de Genève fait partie de l'histoire. Plusieurs raisons expliquent cette disparition.
Des chromes étincelants à perte de vue : le Salon de l'automobile de Genève a été considéré pendant des décennies comme l'un des plus importants salons automobiles d'Europe. Il accueillait non seulement des centaines d'exposants, mais aussi plusieurs milliers de représentants des médias du monde entier. La Suisse était si fière de son rayonnement international que le Salon de l'auto était à chaque fois inauguré par un représentant du Conseil fédéral.
Des légendes sont nées
Des légendes sont nées ici, de la Mercedes-Benz SSK à la Jaguar E-Type, de la Lamborghini Miura à la Ferrari Dino : elles ont toutes fêté leur première mondiale à Genève. Dans les années de pointe, il y avait environ 260 exposants sur une surface de plus de 120'000 m2. Chaque année, jusqu'à 750'000 personnes se rendaient dans les halles de Palexpo pour découvrir les derniers modèles venus du monde entier. Bref, le Salon de l'auto de Genève était un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui ont de l'essence dans le sang.
Échec de la relance
C'était une mort à petit feu. Comme le rapportait l'« auto-illustrierte » en mars de cette année, le Geneva International Motor Show 2024 n'était plus que l'ombre de lui-même. Après la pause de quatre ans du Covid, les organisateurs ont certes voulu tenter une nouvelle relance. Ils ont échoué. Seuls 37 exposants étaient présents en 2024, pour la plupart des prestataires de services. Les visiteurs n'étaient pas non plus au rendez-vous - seules 168 000 personnes sont venues, ont vu et ont été déçues.
Plusieurs raisons au déclin
Ce n'est pas le désintérêt du public qui est en cause : des salons locaux comme Auto Zürich annoncent des records de fréquentation. Il y a d'autres raisons au déclin du Salon de l'auto de Genève. D'une part, c'est la numérisation des voitures. De plus en plus, l'accent a été mis sur le fait que de nombreux constructeurs présentent leurs derniers modèles lors de salons comme le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas. Le CES est devenu l'un des salons les plus importants pour les constructeurs automobiles.
Focalisation des marchés
D'autre part, les marchés prioritaires se sont déplacés. Ainsi, ce n'est plus l'Europe qui est depuis longtemps au centre des préoccupations des constructeurs, mais le Proche et l'Extrême-Orient. Auto Shanghai et Auto China à Pékin sont devenus beaucoup plus importants pour le rayonnement international que le Salon de l'auto de Genève. Le meilleur exemple en est le GIMS lui-même. Ainsi, le Geneva International Motor Show n'aura plus lieu à Genève, mais au Qatar en novembre 2025.
Dans ce contexte tendu, il est devenu de plus en plus difficile pour le Salon de l'auto de Genève de se positionner. Les nostalgiques qui pleurent aussi sur la Muba ou la Züspa auront peut-être des larmes à verser en guise d'adieu. Les autres s'en moqueront tout simplement.
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Texte : Jürg Zentner
Images : AI