

Jaguar SS 100 – Le chat chef
La Jaguar SS 100 de 1937 allie élégance et mordant : rarement construite, éprouvée dans le sport automobile, elle est aujourd'hui une pièce de collection très recherchée. Le châssis 39022 raconte son histoire, du North Yorkshire à la Mille Miglia.
La Jaguar SS 100 fait partie de ces voitures de sport qui sont bien plus que la simple somme de leurs composants. Construite entre 1936 et 1939, elle fut la première voiture à porter le nom « Jaguar » – une décision audacieuse qui posa les bases de l'une des marques britanniques les plus légendaires. Avec ses ailes incurvées, son long capot et son radiateur surbaissé, la SS 100 incarne l'essence même d'un roadster d'avant-guerre : agressive mais élégante, sportive mais toujours stylée.
Deux motorisations étaient alors proposées : un six cylindres en ligne de 2,5 litres développant 102 ch ou une version plus puissante de 3,5 litres développant 128 ch. Cette dernière atteignait une vitesse maximale de 160 km/h, des chiffres qui imposaient le respect dans les années 1930. Avec un peu plus de 300 exemplaires construits, dont seulement 118 avec le gros moteur, la SS 100 compte parmi les voitures de sport les plus exclusives de son époque. Pas étonnant qu'elle ait rapidement fait son apparition dans les courses de côte, les rallyes et les circuits et qu'elle se soit forgé une réputation de concurrente sérieuse.
L'élégance qui a du mordant
Le modèle présenté ici, immatriculé 39022, a été assemblé à Coventry le 31 décembre 1937 et livré le 12 février 1938 par le concessionnaire londonien Henlys. Il a commencé sa carrière dans le Yorkshire du Nord avant d'être rapidement racheté par un avocat de Middlesbrough. À cette époque déjà, la voiture affichait son caractère : avec des pilotes tels que Jack Snowdon, Alan Ensoll et John Coverdale, elle était souvent présente dans les épreuves sportives du nord de l'Angleterre. Sous la plaque d'immatriculation britannique GPF 170, elle a marqué l'histoire du sport automobile à la fin des années 1930 et dans les années 1940. Un roadster qui sait non seulement briller, mais aussi se battre.
À la fin des années 1950, il quitta la Grande-Bretagne pour les États-Unis. Il appartint alors à Jim D. Cox, qui le présenta avec succès dans une couleur blanc crème classique lors de concours et remporta même un concours national. À la fin des années 1980, la 39022 est revenue en Europe, a participé à la Mille Miglia en 1987 sous la houlette de Terry Cohn et arbore depuis lors une petite bosse sur l'aile gauche – une sorte de « cicatrice de guerre » dont elle est fière et qui, après tout, est un trait de caractère unique.
En 1994, la SS 100 a trouvé refuge en Suisse, où elle a été entièrement restaurée par des experts. La peinture noire d'origine a laissé place à un rouge intense qui s'harmonise parfaitement avec l'intérieur en cuir noir. Le moteur, la transmission et le châssis sont d'origine – un véritable véhicule « Matching Numbers » dont l'authenticité est certifiée par un certificat Jaguar Heritage. Il fait encore aujourd'hui partie d'une collection suisse, entretenu et conduit depuis plus de 20 ans, toujours en parfait état.
La voilà donc : une voiture ancienne impeccablement restaurée, mais nullement aseptisée, dont l'histoire s'étend des routes du nord de l'Angleterre aux concours américains, en passant par les virages de la Mille Miglia. Elle allie l'ADN de la marque Jaguar, la passion pour la course automobile des années 1930 et l'aura d'une voiture aussi élégante que rapide. La SS 100 n'est pas une simple voiture de sport, c'est un morceau d'histoire automobile vivante, une icône de style qui a du mordant et qui, aujourd'hui encore, domine toutes les scènes sur lesquelles elle apparaît.
Texte : GAT
Photos : Christian Lienhard (www.lienhardbildwerke.ch)