News

Ercole Spada – Le trait silencieux

Ercole Spada est mort. Et avec lui, une partie du design automobile qui ne s'est jamais mise en avant, mais qui a tout changé.

Publié le 06.08.2025

 Bruno Sacco nous a quittés l'année dernière. Aujourd'hui, c'est Ercole Spada qui s'en va. Encore un grand Italien qui a marqué nos routes sans jamais prendre de selfie devant ses créations. Pas un designer avec des airs de rock star, pas un homme de scène comme Giugiaro ou Bangle. Simplement quelqu'un qui a rendu le monde plus silencieux et plus beau – avec une règle, le sens des proportions et une absence remarquable de vanité.
Spada a dessiné des icônes : l'Aston Martin DB4 GT Zagato, diverses Alfa Romeo aux lignes arrière fantastiques, la première BMW Série 7, qui ressemblait à une voiture officielle avec un pack de six. Ceux qui conduisaient une Fiat dans les années 80 étaient probablement au volant d'une Tipo, ceux qui aimaient BMW dans les années 90 adoraient leur berline E34, même s'ils n'avaient jamais entendu parler de Spada. Et c'est précisément là que réside sa véritable marque de fabrique :

Coupe-queue

Spada n'était pas un grand orateur. Il était plutôt un chuchoteur armé d'un crayon. Alors que d'autres designers mettaient en scène leurs croquis comme s'il s'agissait de haute couture, il concevait des voitures qui fonctionnaient tout simplement – et qui étaient tout simplement belles. La sobriété alliée à l'aérodynamisme. Sa signature ? La « Coda Tronca », l'arrière tronqué – mi-soufflerie, mi-dadaïsme. Cela ne semble pas très sexy, mais cela fonctionne encore aujourd'hui.

Chez Zagato, il était l'homme derrière les légendaires coupés Alfa. Plus tard, il a conçu pour BMW les séries E32 et E34, des voitures qui brillent comme des costumes sur mesure à rayures fines lors de chaque rassemblement de youngtimers.
Puis : Fiat Tipo, Alfa 155, Lancia Dedra. Des modèles qui ont enrichi les routes européennes avec leur sens des formes plutôt que des fioritures. Et comme si cela ne lui suffisait pas, il a encore ajouté la Ferrari FZ93 : une pièce unique aux lignes anguleuses, comme un « basta » italien en aluminium.

À plus de 70 ans, il a fondé son propre studio : Spadaconcept. Car la retraite n'était pas faite pour un dessinateur.
Ercole Spada n'a jamais été le plus bruyant dans la pièce. Mais peut-être le plus intelligent. Ses voitures n'avaient pas besoin de crier, elles roulaient tout simplement bien. Et elles avaient l'air d'avoir été dessinées avec beaucoup de réflexion. Cet homme était un maître de la réduction, de la gravité de la ligne, et un dernier vestige d'une époque où la forme naissait encore de la fonction, et non de moodboards.
Maintenant, il est parti.
Et d'un seul coup, le monde du design est devenu plus calme.
Peut-être parce qu'un chuchoteur est parti.
 
 
Texte : GAT
Photos : Fabricant

<< Retour à l'aperçu

Poursuivez votre lecture :