Reconstruction d'une légende de la course automobile

La BMW 320i Groupe 5 de Heidegger

Victoire au Mans en 1975 et nombreux rallyes WRC : les moteurs de Max Heidegger, originaire du Liechtenstein, ont marqué l'histoire de la course automobile. Heidegger a fait reconstruire de A à Z l'une des légendaires BMW 320i du Groupe 5.

Publié le 14.09.2025

Max Heidegger est plus qu'un simple garage BMW à Triesen, au Liechtenstein. Son nom est synonyme d'histoire de la course automobile : il y a 50 ans, l'équipe Heidegger Racing a remporté les 24 Heures du Mans dans sa catégorie avec une BMW 2002 équipée d'un moteur de Formule 2 et d'une puissance de 330 ch. Ce fut un véritable scoop : le petit « inconnu » avait battu les grandes écuries BMW, Ford, etc. Max Heidegger se souvient : « Le succès de notre moteur perfectionné tenait à sa fiabilité. Lors des 24 Heures du Mans, il n'a tourné qu'à un régime maximal de 8 800 tr/min, alors qu'il aurait pu aller plus loin. »

30 personnes dans la construction de moteurs

Les moteurs construits et perfectionnés par Heidegger étaient très appréciés par de nombreuses équipes de course différentes. « Il devait y en avoir entre 40 et 50 », estime Max Heidegger. « Après deux courses, les moteurs étaient entièrement démontés puis remontés. À l'époque, environ 30 personnes étaient employées dans le seul domaine de la construction de moteurs. » Le fils de Heidegger, Jakob, était encore un enfant à l'époque. Il se souvient des allées et venues des pilotes à Triesen. « Lorsque les pilotes étaient dans les environs, ils venaient toujours nous rendre visite et mangeaient avec nous à la table familiale. Les équipes de course finlandaises campaient même dans le bus devant notre maison. »

Les moteurs vainqueurs du Ländle

Le summum de l'art des moteurs : en 1978, Max Heidegger a été chargé par Ron Dennis de construire un moteur double turbo de 1500 cm3 pour l'équipe de Formule 1 de McLaren. Ce moteur pouvait développer une puissance allant jusqu'à 840 ch. Au début des années 1980, Audi a contacté Heidegger et a demandé à l'artiste motoriste de perfectionner le moteur turbo à cinq cylindres pour la Rallye Quattro, ce que les Liechtensteinois ont réussi à faire en un temps record. Walter Röhrl et Michèle Mouton ont remporté de nombreux rallyes avec la Quattro originale. En 1980, le comte Freddy Kottulinsky a participé au rallye Paris-Dakar dans une Audi Sport Quattro à traction intégrale équipée du moteur Audi développé par Heidegger – et l'a remporté. Ce n'est qu'un petit aperçu de la vaste collection de trophées de Heidegger.

Moteur puissant, carrosserie légère

L'histoire de Heidegger comprend également des véhicules du groupe 5, tels que la BMW 320i. Une trentaine d'exemplaires ont été construits, dont trois chez Heidegger à Triesen. Jakob Heidegger le sait : « BMW nous a fourni le kit en plastique et en fibre de verre. Nous avons ensuite examiné avec Seger & Hoffmann si et comment les pièces rapportées pouvaient être allégées et rendues plus aérodynamiques. Pour les portes, nous avons utilisé une résine synthétique alvéolaire issue du nautisme. De plus, l'ensemble de l'avant a été allégé en transformant les trois éléments que sont la carrosserie, le capot et les ailes en un seul composant. Cela a non seulement rendu la voiture plus légère, mais aussi plus stable. Les ailes ont été adaptées sur le plan aérodynamique, ce qui a ensuite été repris par BMW. » Les pièces rapportées étaient si légères qu'une seule personne pouvait les soulever.

Reconstruite minutieusement

La BMW 320i Groupe 5 est arrivée chez Heidegger dans un état désolant il y a plus de trente ans : « Il s'agissait d'une voiture accidentée. Le conducteur n'avait rien, mais la voiture était très endommagée. Nous avons stocké la voiture et toutes ses pièces pendant toutes ces années. » Jakob Heidegger a fait de nombreuses recherches sur cette voiture, mais de nombreuses questions restent encore sans réponse. « C'est un travail de Sisyphe, mais il y a toujours quelqu'un qui sait quelque chose. »

Bien sûr, la BMW 320i Groupe 5 est également équipée d'un des légendaires moteurs Heidegger sous le capot : « Les améliorations apportées concernent notamment les pistons, les bielles, les culasses, le système de refroidissement, les pompes, le vilebrequin avec lubrification centralisée, etc. Le matériau des pistons est très léger et permet d'atteindre des régimes allant jusqu'à 12 000 tr/min. »

Nouvelle peinture

À l'origine, la voiture était de couleur aubergine, la couleur du sponsor de l'époque. Pour la reconstruction de cette BMW 320i du groupe 5, Max Heidegger a toutefois opté pour une autre peinture. Buler Suisse Watch rend hommage au long partenariat de sponsoring de l'équipe Heidegger Racing et correspond à l'ancien groupe de course 5. Marc Surer avait alors remporté la course au Norisring contre les voitures d'usine Ford et BMW.

Comme un kart

La reconstruction a duré un an. Le résultat est impressionnant : 320 ch de puissance, 750 kg de poids total – une véritable bête de course. Jakob Heidegger résume ainsi les sensations de conduite : « Cette voiture est formidable à conduire, tout simplement incroyable. Comme un kart ! Nous avons l'intention de l'emmener sur circuit. Pas pour faire la course, mais pour exploiter pleinement le potentiel de cette voiture sur un vrai circuit. »

Texte : Jürg Zentner 

Photos : Christian Lienhard (lienhardbildwerke.ch)

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