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60 ans de 911 en trois jours

2023 est une année où Porsche a beaucoup à célébrer. La marque elle-même fêtera son 75e anniversaire, mais pour le grand public, il s'agira de célébrer le 60e anniversaire de la 911. Et oui, en fait, ce ne serait plus que quelques années avant la retraite. N'y pense même pas...

Publié le 24.06.2023

Il s'agit de charger. Pas de charger, comme une voiture électrique. Ou de charger des marchandises encombrantes. Ou de charger dans le sens d'utiliser l'énergie des gaz d'échappement pour augmenter la propulsion, bien que oui, en fait aussi. Pour résoudre ce problème de vocabulaire, il s'agissait de charger, ou d'être chargé. Probablement le meilleur road trip du monde, un road trip de deux jours sur les routes des Alpes orientales suisses. Pour moi, c'était presque un match à domicile, puisque je n'avais que cinq minutes de route à faire pour me rendre au premier point de rencontre et que je n'ai jamais été à plus de trente kilomètres à vol d'oiseau de chez moi pendant ces quelques jours.

Party in the Front, Party in the Back. 

Tous les pétrophiles résidant dans les Alpes, qui ont chez eux soit une voiture très maniable, soit une moto tout aussi amusante, connaissent bien cette balade dominicale à travers les lacets de la région et avec quelques mètres de dénivelé, un antidépresseur sans ordonnance. Mais que l'on puisse alterner entre huit 911 de différentes séries lors d'une telle tournée est plutôt inhabituel. Et le fait qu'il s'agisse d'un petit échantillon de ces légendes des dernières années confère au gâteau d'anniversaire de la 911 une décoration digne de son rang. Plus de détails sur les gâteaux plus tard.

Happy Birthday 911!

 

1ère étape : 997 Speedster

Première étape, je m'assieds un peu précipitamment dans le Speedster à Bad Ragaz pour le trajet vers Davos. Les deux billes dans ma tête sont apparemment en congé sabbatique, le soleil brûle dans la vallée et en même temps, il fait un peu plus frais en altitude. J'ai sagement emporté de la crème solaire, mais comme elle est dans mon sac à dos, à l'avant, elle pourrait tout aussi bien se trouver en Chine, dans un centre de tri postal. Je cultive donc un discret coup de soleil tout en augmentant le chauffage de l'un des 356 Speedster jamais construits. Et en parlant de tourner, la machine à aspiration veut être acclamée. C'est aussi parce que Neel Jani et Jörg Bergmeister roulent en tête avec le modèle G et n'ont que peu d'ambition pour la croisière.

Speedster à une altitude ensoleillée mais fraîche.

 

2e étape : Modèle G Cabrio 3.2 litres

Et je n'apprends rien. La protection solaire en bouteille profite toujours de sa petite place à l'ombre sur l'essieu avant couvert, avec ma veste. Tandis que je frissonne un peu d'un côté, mais que j'intensifie en même temps mon coup de soleil. Pourtant, le 3.2 refroidi à l'air met de bonne humeur, la longue démultiplication et la précision rudimentaire de la boîte de vitesses exigent un peu de violence et de précision douces, des coups de gaz ciblés lors des rétrogradations et un peu plus de travail au volant. Mais elle transmet à sa manière d'où vient vraiment Porsche. D'une époque où l'on ne savait pas cuisiner chez Porsche. Parce que refroidie à l'air. Arrivés à Lenzerheide, nous profitons d'abord un peu du calme, du paysage montagneux et des échanges entre spécialistes.

Après la première journée, la 911 3.2 Cabrio refroidie par air doit aussi reprendre son souffle. Mérité.

 

3e étape : 992 Classic Sport

En route pour St. Luzisteig près de Maienfeld GR. Btw ; un de mes endroits préférés pour prendre des photos. La Classic Sport à boîte manuelle se montre docile. Même dans les embouteillages de chantiers qui descendent vers Coire, la voiture est aussi câline qu'un coach d'affaires sur LinkedIn. La voiture se conduit de manière absolument détendue et ne montre des traits politiquement incorrects que lorsqu'on la conduit en mode sport. Il se peut alors que le moteur suralimenté se mette à pétarader à l'arrière. La première fois que je mets les pleins gaz, c'est sur la bretelle d'autoroute de Coire en direction de Maienfeld. Et je dois constater que cette 911 exploite à fond les limites raisonnables d'une boîte manuelle, deuxième vitesse, pleine charge, cela ne vaut même pas la peine de lever la main du levier de vitesse, à mi-chemin du volant, il faut passer la troisième. Et si l'on devait aussi la passer, il faudrait aussi passer le permis de conduire. Mais mon Dieu, cet appareil est amusant. Et en plus, il a un look d'enfer. Wah !

Raccourci de canard pouvant être utilisé comme arme.

 

4e étape : Le 911 Dakar

Je connais déjà un peu le Dakar. Seulement la dernière fois, les paramètres étaient différents, au lieu de 27°C, il faisait alors quelques degrés en dessous de zéro et au lieu d'un asphalte chaud, c'était de la neige et de la glace. Mais, aussi bien que le Dakar avait alors fonctionné dans des conditions hivernales, la voiture claque encore mieux sur le trajet de Maienfeld GR à Wildhaus SG. Je suis irrité. Ces pneus tout-terrain à grosses rainures ont en effet quelques réserves et, de toute façon, le boxer suralimenté à l'arrière pousse le véhicule plus que de raison en haut de la montagne. Lorsque je m'engage sur un parking en gravier à la fin de l'étape, j'ai des fourmis sous le pied droit, j'aimerais bien faire le tour en U pour me garer d'une traite. Mais non, je suis invité ici. En somme, le Dakar vient de devenir ma préférée parmi les 911 actuelles. Encore une fois. En attendant...

Rally-911 avec de vraies qualités de preneur ; Dakar.

 

5e étape : le 996 GT3

On continue sans le syndrome de l'assistant. Sur la première GT3 jamais construite, rien n'aide en effet, si ce n'est le bon sens et une sensorialité un tant soit peu éveillée. Le boxer à l'arrière fait le reste. Et la boîte manuelle à six vitesses. La direction ? Eh bien, c'est dur quand on passe d'une 911 moderne à une "vieille" GT3. Mais je m'habitue vite au fait que dans les virages serrés en épingle à cheveux jusqu'à Schwägalp, il faut peut-être encore changer de main. Entre les deux, il reste un moteur parfaitement ( !) dosable, un frein solide, la deuxième vitesse omniprésente ici et un équipement minimaliste sans potentiel de distraction. Et je suis d'une honnêteté implacable, autant je trouve cette Porsche aux œufs au plat laide, autant je trouve la 996 GT3 exigeante, joyeuse et rapide pour ce genre de route. J'aimerais bien en avoir une maintenant. Pendant la pause de midi, je regarde sur Autoscout où je peux en trouver une sans mettre en gage un rein et mon premier-né.

Encore plus d'actualités sur Porsche ici !

Une lime à courbes au potentiel culte. Les œufs au plat sont piquants, mais assaisonnés avec bienveillance.

 

6e étape : La 911T

Hum. Mis à part l'intérieur immensément joli et l'absence de canard à l'arrière, il semble s'agir de la même voiture que la Sport Classic. Boîte manuelle, six cylindres suralimentés à l'arrière, réglage un peu plus souple. Elle doit partir de la Schwägalp pour se rendre à la boulangerie Gschwend à Saint-Gall. Comment, les nouvelles 911 savent certes cuisiner, mais maintenant elles doivent aussi faire du pain ? La surprise reste dans l'incertitude pendant le trajet vers la ville monastique. Mais ce qui l'est moins, c'est l'efficacité de cette 911T sur ces routes. Le manque de puissance par rapport à la Classic, avec ses 550 ch exubérants, fait beaucoup de bien à la T, car cette 911 devient ainsi un copain sympathique, très maniable et facile à entretenir, avec suffisamment d'alcool dans la cave. Le fait que le bruit de la suralimentation soit audible est pour moi un grand plus, et cela s'harmonise aussi merveilleusement avec les routes bordées de drapeaux suisses. Et elle est verte.

Tout le monde réclame des voitures vertes. En voici une.

 

Étape intermédiaire : nous avons du gâteau ?

J'aime bien les tâches créatives. Mais décorer des gâteaux ? Ce n'est pas mon truc, c'est pourquoi à la maison, je m'occupe en premier lieu de la cuisine et laisse les desserts à ma moitié. C'est d'ailleurs mieux ainsi, car lorsque je fais un gâteau, il a soit la consistance d'une brique, soit celle d'un mastic de fenêtre. Néanmoins, je me lance le défi de créer une décoration pour le gâteau d'anniversaire de la 911. Il me suffit de draper des "années" sur un rond de sucre à l'aide d'une poche à douille et de chocolat liquide. Le gribouillage final me rappelle mes tentatives d'écriture en première année. Immédiatement doux. Heureusement, Neel Jani fait beaucoup mieux et sa décoration atterrit sur le gâteau, qui disparaît miraculeusement du plateau dans le jardin de la boulangerie en l'espace de quinze minutes.

Neel Jani et Jörg Bergmeister ruinent leur rapport poids/puissance. Mais cela en valait la peine.

 

7e étape : Fer de lance 911 GT3 RS

Il y a vraiment quelque chose de plus agréable que de se faufiler de feu en feu à travers la ville de Saint-Gall au volant d'une GT3 RS actuelle. Frustrant, on te tend un couteau à steak parfaitement aiguisé, mais dans l'assiette, il n'y a qu'une saucisse à rôtir d'Olma ratatinée. Mais ça s'améliore, en route vers Appenzell, les routes s'ouvrent et j'apprécie vraiment la limitation de vitesse à 80 km/h. Même dans les virages vraiment serrés, là, à la vitesse de référence, la GT3 est aussi impressionnée qu'un enfant de 47 ans devant le sapin de Noël, mais je suis d'autant plus impressionné par la RS. La voiture a un tel potentiel pour se mettre en difficulté sur le plan du droit de la circulation que je me pèse sur le banc de torture émotionnel. OK, c'est moi qui appuie de temps en temps sur l'accélérateur et qui travaille contre l'accélération qui, en fait, me ferait couler des larmes d'émotion à l'horizontale sur le visage. C'est idiot, mais nous ne sommes pas sur le circuit. Et c'est aussi dommage, mais conduire cette voiture sur la voie publique relève du masochisme pur et simple.

Porsche GT3 RS

Quand Porsche puise au plus profond de sa boîte à outils. Un outil de course de première classe.

La 911 GT3 RS en comparaison directe avec la Cup RS. A lire en e-paper dans le numéro de mai de l'auto illustrée !

8e étape : la 993 Targa. Automatique.

Oh là là ! On ne peut pas toujours se contenter de superlatifs. Même chez Porsche. Lors de la dernière étape, d'Appenzell à Bad Ragaz, on m'attribue la dernière voiture de l'illustre groupe, faute de preuves de l'historique de conduite. Et d'une certaine manière, j'ai encore une attitude positive vis-à-vis de tout cela, un grand toit ouvrant en verre, une boîte automatique détendue, des sièges confortables. Mais à la fin, la boîte automatique était un peu trop détendue pour moi. Naturellement, le moteur atmosphérique à l'arrière a besoin d'un peu plus de tours pour développer sa puissance et rien ne va quand la boîte automatique fait la lessive au sous-sol. Néanmoins, j'étais content de pouvoir fermer le toit en verre en cas de pluie spontanée en appuyant sur un bouton. J'ai ensuite volontiers remisé la 993 à Bad Ragaz, ce n'était pas vraiment mon truc. Mais, la barre émotionnelle était aussi très haute, même le gâteau m'a fait plus d'effet que la 993 Targa.

Jolie, mais un peu fatiguée. Pour ceux qui aiment le confort, c'est la 911 parfaitement chill.

Le point d'orgue de notre road trip a été le trajet de Bad Ragaz à Mollis pour assister au très attendu Porsche Festival de Mollis. De Bad Ragaz, en passant par l'ancienne route de campagne qui descend le lac de Walenstadt et passe par le Kerenzerberg, c'est l'un de mes trajets préférés lorsqu'il s'agit de ressentir un peu les voitures, loin des feux de signalisation qui sautent. La 911T avait les conditions parfaites pour cela et ce fut un honneur pour moi de la conduire sur la grande scène du site et de l'éteindre à la fin, avec un peu de nostalgie. L'ambiance, le mélange coloré de voitures et le facteur culte physiquement perceptible ont marqué une fin plus que digne de ce voyage à travers l'histoire de la 911.

Walter Röhrl

Walter Röhrl à propos du Porsche Festival à Mollis GL : "Je ne peux parler qu'en superlatifs : je n'ai encore jamais rien vu de tel. Je tire beaucoup de courage de cette rencontre, de voir qu'il y a encore tant de gens qui aiment les belles voitures. Et tout cela avec ce fantastique décor de montagne en arrière-plan. Grandiose".

Attendez, il y avait autre chose. L'une des voitures mentionnées ici va m'accompagner intensivement au cours des prochaines semaines. Jusqu'à l'extrême nord et retour. Je vous en parlerai à ce moment-là. Ah oui, il y a du saumon au lieu de la tarte, une 911 doit encore cuisiner.

Texte : Markus Kunz

Photos : Markus Kunz, Porsche Suisse

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